La Ligne Verte ou l’allégorie de la compassion

Quelques enseignements transmis par « La Ligne Verte »,
film de 1999 tiré du roman de Stephen King.

Dans la lignée de l’article que j’avais rédigé après avoir découvert Bohemian Rhapsody, je me lance dans la rédaction de cet article pour partager les enseignements que j’ai tirés de ce film très émouvant. Encore une fois, pas de critique cinématographique ici ! Seulement un autre regard sur ce que j’ai observé dans ce récit si particulier.

Le pitch

Un ancien gardien de prison, Paul Edgecomb (l’incroyable Tom Hanks), affecté à l’accompagnement des derniers jours des condamnés à mort, dans les années 30 aux USA, raconte sa rencontre avec John Coffey, un détenu qui se retrouve là, non par hasard, mais par injustice et racisme. Il est noir, donc il est coupable, en somme. C’est ce qu’expliquera son propre avocat en utilisant une parabole épouvantable. Mais bref, je ne vous apprendrai rien sur l’Amérique de l’époque. Là n’est pas mon propos.

Ce brave homme de 2 mètres aux muscles puissants et au comportement de nounours se retrouve aussi là parce que c’est un super gentil. C’est un super héros avec des super pouvoirs. Il a tenté de sauver deux fillettes assassinées, mais a été considéré comme coupable du meurtre, sous prétexte qu’il les tenait dans les bras quand le shérif et le père lui tombèrent dessus. Impossible d’imaginer pour eux qu’un noir ait pu vouloir aider les fillettes, bien sûr. Conclusion : un petit passage par la chaise électrique et justice sera faite.

Mais quel est donc le super pouvoir de John Coffey ?

Le personnage de Coffey est à mon sens l’allégorie de la compassion.

En effet, ce garçon :

  • est capable de ressentir les émotions des autres = empathie
  • est capable d’absorber les maux, les maladies des autres pour les libérer de leur souffrance, et de recracher ces maux dans l’air, non sans un sacré effort qui le rend « très fatigué, patron » = compassion, dans l’acception chrétienne du terme
  • est capable de communiquer des messages par le toucher, comme le souvenir du meurtre des petites filles commis en réalité par l’affreux William Wharton, détenu voisin de Coffey, qu’il transmet à son gardien de prison = capacité de communication non verbale, paranormale, certes.

En raison de ces pouvoirs, le pauvre garçon souffre terriblement (et pas seulement parce qu’il va y passer injustement).

Il ne comprend pas ce qui se passe en lui. Comme nous quand, manquant d’éducation sur ce point, nous nous sentons débordés par nos émotions. Et cela lui rend la vie impossible, car cette hyper sensibilité lui fait sentir comme des petites aiguilles dans la tête, en permanence. Il est épuisé de ressentir sans arrêt les horreurs de ce monde de brutes.

Ne vous reconnaissez-vous donc pas là, amis hyper sensibles ?

Finalement, cet adorable Coffey, véritable « miracle de dieu » d’après ces puritains d’américains, va préférer mourir plutôt que de continuer à vivre cela. Il sera ainsi libéré de sa propre souffrance, provoquée par celle des autres.

Quelle conclusion atroce, sans espoir.

Qu’aurais-je proposé à John Coffey s’il était venu me consulter ?

Imaginons quelques instants que, ayant ras le bol d’être incompris et de souffrir de son pouvoir, John ait franchi le seuil de mon cabinet. Voilà ce que je lui aurai proposé :

D’abord, de comprendre ses propres émotions et de faire la part entre celles des autres et les siennes : les identifier, les comprendre, les exprimer, les transformer pour mettre en place un processus de soin envers soi-même avant de se précipiter pour aider les autres. Car on ne peut aider les autres correctement que quand on prend aussi soin de soi. L’auto-compassion n’est en rien un trait d’égoïsme, mais plutôt un instinct de survie tout comme un mécanisme altruiste. En effet, de nombreux programmes sont désormais proposés aux soignants pour les aider à ne pas s’oublier dans l’exercice de leur mission. Un article ici dans le mag en ligne « espace infirmier ».

Transformer sa compassion chrétienne en Karuna : soit l’acception bouddhiste du terme compassion. Ce terme signifie de souhaiter que chacun soit libéré de sa souffrance, et y contribuer en observant un comportement qui sera exempt de violence, d’agressivité, ou tout autre acte susceptible de blesser l’autre. Ainsi, la différence fondamentale avec la compassion chrétienne se situe sur deux points : ne pas se laisser entrainer par la souffrance de l’autre, c’est à dire ne pas souffrir avec lui, et ne pas tenter de chercher des solutions pour l’autre. Il est plutôt prôné un travail sur soi pour éviter d’être blessant envers l’autre. Et logiquement, si chacun adoptait un comportement non violent, il n’y aurait plus de souffrance dans ce monde causée par l’homme…

Pour cela, la méditation de pleine conscience et l’art thérapie sont deux outils particulièrement indiqués
  • La méditation va nous entrainer à percevoir avec finesse nos ressentis émotionnels, matérialisés par des sensations corporelles, et les pensées que nous y associons. Elle va nous permettre de constater que les émotions ne sont que passagères et que celles des autres ne nous appartiennent pas. Qu’elles peuvent avoir une résonnance en nous, mais qu’on peut aussi lâcher prise sur elles. Cela nous oriente vers une posture d’écoute ouverte (accueil) de la souffrance de l’autre, ce qui constitue un soin très grand pour celui qui se confie à nous, bien trop oublié dans notre société. Ecouter et comprendre au lieu d’interpréter et répondre. Cela permet aussi de ne pas s’épuiser en interprétation et solutionnement face à des émotions qui sont construites par le vécu de l’autre et sur lequel nous n’avons aucun pouvoir ni savoir. Car oui, nous sommes seul à pouvoir influer sur notre vécu émotionnel.
  • L’art thérapie permet d’extérioriser le vécu émotionnel, et cette mise à distance va nous permettre de l’observer pour en comprendre le sens. Et dans une deuxième phase, faciliter la transformation de celui-ci, convertir la souffrance en levier de développement, en force motrice pour un mieux-être. Concrètement, on va poser sur le papier une représentation ce que l’on ressent et y voir plus clairement des informations qui ont leur utilité pour comprendre ce qui nous perturbe. Ensuite, on va reprendre cette représentation pour la rendre constructive, aidante pour nous.

Mais, M. Coffey n’est pas venu me voir. Comme beaucoup de personnes empathiques, sensibles émotionnellement, il aura vécu ce super pouvoir comme un sacerdoce. Pour comprendre que toute caractéristique de ce type est un cadeau plutôt qu’un poids, je vous invite à consulter certaines ressources que j’affectionne :

Steeve Jurion, coach spécialisé dans le domaine de l’hypersensibilité :
Ce TEDx d’Arnaud Chaput sur les neuro-atypiques, qui m’a bien fait rire
Psych2go : une chaîne psycho-éducative qui traite souvent le thème de l’hypersensibilité, de l’empathie.
Et si vous vous reconnaissez ?

Eh bien, réjouissez-vous ! Non seulement, vous êtes dotés de super pouvoirs, mais en plus, il existe une multitude de techniques et d’accompagnement pour les transcender et mieux vivre avec, plutôt que de lutter contre.

N’hésitez pas : sophrologie, relaxation, méditation, art thérapie, hypnose, psychothérapie brève, EMDR… Toutes ces approches peuvent vous aider. L’enjeu est surtout de rencontrer un praticien de confiance avec qui vous vous sentirez prêt à vous ouvrir sur vos problématiques, à votre rythme et en douceur.

Pour ma part, j’ai suivi de nombreux enseignements sur ce thème et me suis spécialisée sur les émotions, car c’est lorsque j’ai commencé à travailler sur ce point que ma vie s’est transformée.

Oui, je souhaite être contacté(e) pour envisager des solutions afin de mieux vivre mon hyper-sensibilité, mon hyper-empathie !

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