Pourquoi a-t-on tant de mal à accepter de l’aide ?
Pourquoi se condamne-t-on parfois à affronter une traversée du désert en solo ? Top 5 des freins observés à la mise en place d’un accompagnement.
Pour certaines personnes, être accompagnées par un thérapeute ou, pire, un « psy* » ! semble être une chose inenvisageable. Pourquoi ? Démontons ensemble quelques lieux communs qui constituent des freins et nous empêchent d’accéder à une aide précieuse.
* terme qui en soit, n’a aucun sens : parle-ton d’un psychologue ? d’un psychothérapeute ? d’un psychiatre ?
Ces métiers sont différents.
1- « Ce type d’accompagnement, c’est pour les fous«
Dans l’inconscient collectif, faire appel à un « psy », un thérapeute ou un conseiller… est une démarche qui concerne les personnes « folles », on entend par là, ayant des troubles graves (qui font peur de préférence) : dépression, schizophrénie, autisme (là on confond un handicap à une maladie…), bipolarité (très à la mode, celui-là…). Bref, on ne sait pas de quoi on parle, en fait, et on mélange tout.
Et on fait notamment une confusion entre l’univers de la psychiatrie et celui de la psychologie.
- Psychiatrie : branche de la médecine consacrée à l’étude et au traitement des maladies mentales.
- Psychologie : étude scientifique des faits psychiques, des faits relatifs à l’esprit, à la pensée.
Or, nous sommes tous dotés d’une psyché, que nous pouvons choisir de mieux comprendre, dont nous pouvons prendre soin, dont nous pouvons améliorer le fonctionnement.
Sans être concernés par une pathologie psychiatrique, nous pouvons rencontrer certains dysfonctionnement pénalisants, comme la timidité, le manque de confiance en soi, les difficultés de concentration… et avoir envie d’y remédier.
Faire un travail sur soi pour se sentir mieux et être plus épanoui, c’est de cela qu’il s’agit quand on se tourne vers un thérapeute ou un « psy » (qui sera alors un psychologue ou un psychothérapeute et non un psychiatre).
2- « Je suis assez fort, je n’ai pas besoin d’aide »
Nous évoluons dans une société qui tend à renforcer l’individualisme, où le mythe du self-made-(wo)man nous inspire admiration, où l’on nous fait croire qu’on ne peut finalement compter que sur soi-même. Triste sort.
Penser de la sorte est nier un principe fondamental du fonctionnement de l’humanité : l’interdépendance entre les êtres. Notre survie sur la planète n’est due qu’à notre capacité à interagir pour se nourrir, s’habiller, se déplacer… ou tout autre acte quotidien que nous réalisons grâce aux autres, sans pour autant en avoir conscience.
L’être humain est un animal social. Nous l’acceptons facilement pour faire appel à un prestataire de service, pour aller chercher des clients, pour fonder une famille…
Pourquoi est-ce si difficile de reconnaître que l’autre peut nous apporter de l’aide et du soutien dans une période difficile ? Demander de l’aide, ce n’est pas se montrer faible, c’est se montrer volontaire pour trouver des solutions, et miser sur nos valeurs de solidarité et d’humanisme.
Par ailleurs, engager un travail personnel, se confronter aux aspects parfois déplaisants de notre personnalité ou de notre vie dans le but d’y apporter des améliorations, est un des actes les plus courageux que vous ferez dans votre vie !
3- « S’occuper de soi, c’est être égoïste »
Ou une de ses variantes : « je dois d’abord m’occuper des autres (de ma famille, de mes enfants, de mes amis, de mes collègues, de mes équipes…), je m’occuperai de moi quand j’aurai le temps. »
Pensez-vous être pleinement capable d’apporter quelque chose aux autres, si vous n’êtes pas d’abord capable de vous faire du bien à vous ? N’y a-t-il pas ici quelque chose d’illogique ? Ne pensez-vous pas qu’on ne peut transmettre aux autres que ce qu’on a d’abord expérimenté et travaillé soi-même ? Croyez-vous qu’il s’agisse d’un acte égoïste, le fait de vouloir se sentir bien, ou de vouloir amoindrir une souffrance (psychique, émotionnelle, relationnelle….) ?
Une vie ne peut s’élever que si elle est construite sur de solides fondations. Les relations sereines ne fleurissent que si elles sont cultivées sur un terrain fertile et bien nourri. Nous devenons en capacité d’être utile aux autres quand nous sommes en paix avec nous-même.
Ainsi, faire un travail sur soi est à l’opposé d’une démarche égocentrée. Elle est mue initialement par notre propre volonté de changement, notamment dans notre rapport aux autres. L’amélioration de notre relation aux autres et au monde est un des moteurs de notre évolution.
4- « Je n’ai pas confiance en ces accompagnants »
Et vous avez raison d’être méfiant. Malheureusement, dans le milieu du soin comme partout, nous ne rencontrons pas que des personnes compétentes et bienveillantes. Et il est d’autant plus important d’être vigilant dans notre choix, car nous pouvons être en situation de vulnérabilité, que certains praticiens n’hésitent pas à exploiter. C’est scandaleux, mais ça existe, malheureusement.
Plus qu’à un amas de diplômes épinglés au mur de sa salle d’attente ou à un titre pompeux, fiez-vous à votre intuition.
Comment vous sentez-vous en échangeant avec cette personne ? Est-ce que vous vous sentez écouté ? Est-ce que vous vous sentez jugé ? Vous sentez vous contraint, forcé ? Ou au contraire, vous sentez-vous libre d’être qui vous êtes ?
Quelle est l’attitude de cette personne pendant vos échanges ? Est-ce que cette personne vous donne des conseils, des recettes miracles qui fonctionnent rapidement, des explications obscures qui vous demandent de croire en quelque chose ? Quand la personne reformule vos propos, est-elle relativement juste ? La personne vous parait-elle authentique ou joue-t-elle un rôle ? Fait-elle preuve d’humilité : envers elle-même, envers vous, envers les résultats probables de l’accompagnement ? Vous fait-elle des promesses alléchantes ?
Soyez conscient de votre feeling, de votre ressenti : la clé d’un travail réussi passe par la relation de confiance qui se construit dans le temps (50% du travail). Mais dès le premier entretien, même par téléphone, il n’y a pas de place pour le malaise, l’insécurité, la provocation… Votre interlocuteur doit avant tout être en capacité de créer un climat favorable à votre expression et à votre cheminement, en respectant votre rythme. Si vous ne vous sentez pas à l’aise face à la personne, n’insistez pas. Et respectez votre propre sentiment. Ce n’est pas parce votre ami(e) a apprécié cette personne qu’il en sera de même pour vous : nous sommes tous différents.
5- « Je n’ai pas envie d’aller pleurer devant une personne qui hoche la tête sans rien dire »
Ces professions (« psy », thérapeute) souffrent d’un grand nombre de clichés régulièrement entretenus par les œuvres cinématographiques. Je pense par exemple à ces scènes censées raconter une séance de psychanalyse, dans les années 50. Le héros identifie alors un souvenir refoulé grâce à la transe hypnotique et ça y est ! C’est l’illumination et il va mieux pour le restant de ses jours 😅 Ou encore, la soi-disant séance où une personne souffreteuse et livide annone son histoire couchée sur un divan (rouge en velours ou version Le Corbusier en cuir noir), pendant que le « psy », assis derrière elle, écoute sans rien dire. Il a des lunettes, un calpin et un air grave.
Alors, je vous informe d’une chose : ce n’est pas comme ça que ça se passe ! (enfin, ça doit certainement exister, tout est possible…)
Déjà, un travail sur soi ne passe pas forcément par un torrent de larmes à chaque séance. Bien sûr, il peut y avoir des séances plus douloureuses, plus fatigantes que d’autres, mais vous aurez enfin la possibilité d’exprimer et de déposer des choses qui vous pèsent. Se décharger de la peine ou du stress, c’est aussi faire de la place dans votre cœur à d’autres émotions plus agréables, qui vont aussi se présenter pendant les séances ! Joie, rire, amusement, surprise…
Par ailleurs, selon l’accompagnement que vous aurez choisi, vous serez peut-être étonné des nombreuses interactions qui se déroulent pendant une séance de travail. Questionnement, interprétation, visualisation, activité physique, balade dans un parc, peinture, danse…
Mais oui ! Le champ de l’accompagnement est assez vaste pour couvrir les besoins et les tempéraments de la multiplicité des êtres qui peuplent notre terre ! Renseignez-vous au préalable sur l’approche des personnes que vous avez identifiées.
J’espère qu’après avoir pris connaissance de ces quelques lignes, vous vous sentirez plus à l’aise dans le fait de vous engager dans une relation d’aide, quelle que soit sa forme.